Et si on arrêtait de fuir l'inacceptable?
- beatricemarinms
- 24 juin
- 3 min de lecture
On nous a appris à accepter l'inacceptable. À nous contenir, à faire bonne figure. Très tôt, on nous enseigne à réprimer nos élans, à étouffer nos émotions dites "trop fortes", à taire nos pulsions.
Alors, inconsciemment ou consciemment, on apprend aussi à fuir ce qui dérange : la colère, la honte, la tristesse, la peur, la culpabilité. Ce qui est sombre, ce qui semble "sale" ou "inacceptable", devient tabou. Personne ne veut en parler. On garde ça pour soi. On enfouit. On contrôle.
Et pourtant… ce qu’on refuse de regarder continue de vivre en nous.
La violence ne se transforme pas, parce qu’on la nie le plus souvent. Elle est partout dans nos modèles éducatifs : elle s’exprime dans nos mots, nos silences, nos gestes, dans notre corps, parfois contre les autres, le plus souvent contre nous-mêmes. Elle peut être physique, verbale, émotionnelle, subtile, invisible. Elle peut même se cacher derrière le masque de la politesse ou du "je vais bien".
Elle naît à la fois dans la maltraitance, et dans la négligence.
La violence ne se limite pas aux coups ni aux cris, dont nous usons tou.te.s de façon volontaire ou involontaire. Elle prend des formes multiples, parfois évidentes, parfois inconscientes, parfois sournoises. Il y a la violence physique, bien sûr, qui s'imprime dans les corps. Mais il y a aussi la violence verbale, faite de flèches qui blessent, rabaissent ou humilient. La violence psychologique, quant à elle, s'insinue plus subtilement : contrôle, chantage affectif, silence comme arme. Elle peut être difficile à identifier, car souvent banalisée ou déguisée en "éducation", en "amour", ou en "protection".
Il existe aussi des formes de violence invisibles et symboliques
Celle qui dit ce qui est "normal" et rejette tout ce qui ne l’est pas. Celle qui fait croire que certaines personnes valent moins que d’autres, à cause de leur genre, leur couleur de peau, leur origine ou leur façon d’être. On la retrouve dans le racisme, le sexisme, les inégalités sociales, dans chaque milieu social, et dans toutes les formes d’injustice qu’on finit par croire "normales".
Et puis il y a la violence passive, la plus destructrice
Celle du retrait affectif, de l’absence de regard, de la non-reconnaissance. Elle fait tout autant de dégâts, car elle prive l’autre de sécurité, de valeur, d’existence même.
Enfin, il y a cette violence tournée vers soi
Celle qu’on intègre à force d’avoir été nié, rabaissé, ignoré. Elle se manifeste par la culpabilité, l’auto-sabotage, la dévalorisation, la honte, les conduites à risque (addictions, troubles alimentaires, rapports sexuels compulsifs, refus de rapports sexuels, décrochage scolaire, blocage professionnel, etc....). Elle parle d’un manque d’amour qui a souvent pris racine dans notre enfance, et bien des générations avant nous.
Toutes ces formes de violence ont un point commun : elles sont le langage d’une douleur non écoutée, d’un besoin fondamental qui n'a pas été nourri.
Et si ce que tu fuis était ce qui a besoin d'être vu pour que tu le transformes?
Rencontrer ces parts de soi qu’on a voulu faire taire, ce n’est pas sombrer. C’est retrouver de la vérité, de la cohérence intérieure, de la liberté. Traverser la honte, accueillir la rage, reconnaître la part en nous qui a voulu frapper, fuir, ou mourir, c’est commencer à guérir.
J’écris cette lettre avec cette conviction : il est temps de regarder ce qui souffre en silence, ce qui lutte, ce qui appelle. Non pas pour juger ou corriger, mais pour offrir à ces parts oubliées un espace, une voix, une transformation.
N'oublies pas d'être toujours bienveillant avec toi! Avec amour, Béatrice
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