Origines : reconnaître d’où l’on vient pour devenir qui l’on est
- beatricemarinms
- 28 mai
- 3 min de lecture
J’ai envie de vous partager un accompagnement profondément marquant, celui d’une femme en quête de vérité. Elle avait déjà écrit plusieurs livres autobiographiques, avec sincérité, avec intensité. Écrire était pour elle un acte de survie, un chemin pour mettre du sens sur ce qu’elle avait traversé. Pourtant, malgré ses mots, elle n’écrivait pas sous son vrai nom. Quelque chose résistait.
Une peur, une loyauté, un interdit intérieur.
Elle se cachait de sa propre famille, par crainte de les blesser, de nuire à leur image, ou peut-être par espoir de garder un lien, même fragile. Mais ce lien-là ne la rendait pas heureuse. Il la maintenait dans une forme de silence, de compromis, où sa vérité n’avait pas vraiment de place.
Sa demande, en apparence, était simple : comprendre ses liens familiaux pour pouvoir s’exprimer librement. Mais très vite, ce qu’elle cherchait, sans forcément le dire, était plus profond : elle voulait être entendue. Elle voulait, quelque part, que sa famille reconnaisse la souffrance qu’elle avait portée enfant, et plus jeune encore.
Mais à chaque tentative de dialogue, elle se heurtait à une forme d’indifférence, parfois même d'inversion des rôles. On la faisait passer pour trop sensible, trop exigeante, trop questionnante. Plutôt que d’être accueillie dans sa vulnérabilité, elle se retrouvait enfermée dans une culpabilité diffuse.
Elle se sentait fautive de ne pas être la fille attendue.
Au fil de l’accompagnement, un retournement intérieur s’est amorcé. Elle est allée explorer l’histoire de sa famille, non plus pour y chercher réparation, mais pour y découvrir ce qui n’avait jamais été dit, ni reconnu. Elle a vu une lignée souffrante, marquée par des blessures tues, des émotions niées. Comment pouvaient-ils reconnaître la sienne, s’ils n’avaient jamais reconnu la leur ?
Cette prise de conscience a été un premier pas vers sa liberté. Elle a compris que tant qu’elle restait accrochée à l’attente d’être comprise, elle restait enfermée. Elle aussi, engluée dans ses blessures, ne pouvait pas rencontrer celles des autres. Le lien était devenu trop douloureux, rompu par l’impossibilité de se rejoindre dans leur vérité respective.
Alors elle a appris à écouter autrement ce qui fait mal : les non-dits, les jugements, les interprétations, les préjugés. Tout ce qui blesse profondément un être humain dans ce qu’il est, dans ce qu’il ressent. En lâchant son besoin de reconnaissance, elle a pu mettre son énergie ailleurs : dans l’accueil de qui elle est, dans l’acceptation de ses origines.
Reconnaître ses origines ne signifie pas tout excuser, ni tout comprendre.
C’est une étape essentielle du processus de transformation. On naît toujours dans la famille qui a le plus à nous enseigner. Accepter notre père et notre mère tels qu’ils sont — non pas tels que nous aurions voulu qu’ils soient, mais tels qu’ils sont profondément — c’est aussi accepter toutes nos parts d’ombre. Celles qui nous dérangent, celles que l’on cache...
Celles qui nous mettent face à notre humanité.
Les reconnaître en nous, c’est une opportunité de les libérer. De libérer nos parents, et notre lignée. De faire de cet héritage un véritable cadeau. Nous sommes tous interreliés, et toujours au bon endroit pour apprendre de nous-mêmes et nous remettre en question. Tant que je m’oppose à la génération précédente, ou que je lui reste fidèle aveuglément, rien ne change. Tout se répète, par cycles.
Le besoin de comprendre son histoire, non pas comme un poids, mais comme un trésor d’enseignements, est une clé précieuse. C’est à cet endroit que naît la vraie transformation. Individuelle. Et collective.
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